Je vais mettre en pleine lumière cet éditorial qui vient d’être publié, dont le propos est «Actualité française».
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Titre exacte donné par le journal était: « Les militants de LFI se sentent autorisés à poster des messages antisémites. »
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Une question liminaire suffit. Emma Rafowicz tient sans problème dix minutes, elle élargit le propos à la politique, elle parle de la société française, de ses failles et de ses travers. Elle évoque ses propres combats et ses colères… Déjà, à 28 ans, Emma Rafowicz a la langue déliée des militants endurcis. On retrouve cette jeune femme aux traits doux dans un joli café vitré du 11e arrondissement, ce quartier qu’elle adore, comme elle adore Paris où elle a emménagé pour étudier la communication à la Sorbonne, en provenance de l’Essonne.
Elle commande un thé à la menthe et raconte tout de go, à grands coups de « du coup », qu’elle revient d’un séjour dans la circonscription de Julien Odoul, élu RN de l’Yonne. La jeune femme, en huitième place sur la liste du PS et de Place publique aux européennes, y a rencontré la colère, la misère des campagnes, et des raisons de toujours s’engager. « Je ne crois pas que les gens soient frontistes, mais ils sont en colère parce qu’ils n’arrivent plus à acheter une paire de chaussures à leurs enfants », résume la présidente des Jeunes Socialistes, l’organisation de jeunesse du PS.
Réduite à sa judéité après le 7 octobre
Emma Rafowicz s’est inscrite au Parti socialiste durant la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy, en 2011. Son engagement politique remonte toutefois à plus loin. Elle grandit dans une famille marquée par l’antisémitisme, partie de Pologne pour se réfugier en France. Elle milite, lycéenne, à SOS Racisme, dont elle aime le slogan un peu oublié : le droit à l’indifférence. Son engagement est construit sur cette conviction.
Après le 7 octobre, elle est pourtant réduite à une différence, sa judéité. Dans les jours qui suivent les attaques terroristes du Hamas, la jeune socialiste devient la cible des antisémites. Elle n’est pas pratiquante mais elle a un tort : être la nièce d’Olivier Rafowicz, porte-parole très médiatique de l’armée israélienne. Le militaire fait son job ; il défend sur les chaînes d’info en continu, dans un français parfait, les opérations de Tsahal dans la bande de Gaza. Les réseaux sociaux n’ont pas envie de faire la différence : la nièce est forcément complice des propos de l’oncle…
À LIRE AUSSI Raphaël Glucksmann, nouveau croque-mitaine des européennesAssez vite, la haine antisémite se déverse en ligne. D’abord en sourdine, au moyen de messages privés envoyés, notamment, à Olivier Faure pour qu’il exclue la jeune femme de la liste aux européennes. Puis la meute l’attaque au vu de tous, sur X ou d’autres réseaux sociaux publics : « Punaise sioniste », « Sale youpine », « Traître génocidaire », ou encore un « Rentre chez toi » accompagné d’une photo d’Auschwitz. On la traite de « Sayanim », nom donné aux agents informateurs des services secrets israéliens.
Ses parents et son frère s’inquiètent. Ils l’imaginent victime d’agression le soir, dans la rue. Il y a un mois, Emma Rafowicz dépose une plainte. Au commissariat tout proche du café du 11e arrondissement, elle confie quelque 400 captures d’écran d’insultes, comme un « best of » des 3 000 à 4 000 messages qu’elle a relevés.
La colère est un peu retombée. La jeune femme parle de cette période sombre posément. Mais ses mots sont graves. L’origine du mal ne fait, à ses yeux, guère de doutes : un grand nombre de messages haineux étaient siglés LFI. Elle l’a vu aux profils des comptes X. Certains arboraient une tortue (l’emblème accolé à Jean-Luc Mélenchon, la « tortue sagace »), d’autres, une photo d’un leader Insoumis, d’autres encore un logo de La France insoumise… « La “LFIsphère” a une vision essentialisante et identitaire de la société. Elle a la volonté de salir en pointant un particularisme », dénonce Emma Rafowicz, ulcérée par cette « assignation à résidence ».
Manuel Bompard m’a collé une nouvelle cible dans le dosEmma Rafowicz
La présidente des Jeunes Socialistes n’est pas vraiment complotiste. « Je ne pense pas que ce soit organisé par LFI, dit-elle, mais leurs militants se sentent autorisés à poster ces messages antisémites. On assiste à une montée des espaces passionnels identitaires, on a de plus en plus envie de placer les gens dans des cases. Or, je suis une femme universaliste. Et je refuse ce sexisme qui consiste à dire que, puisque je suis une femme, je suis forcément rattachée à la pensée d’un homme, mon oncle. »
Emma Rafowicz apprécie le soutien public reçu d’Olivier Faure ou du jeune candidat du PCF aux européennes, Léon Deffontaines. En revanche, même avec douceur, elle dénonce les ronds de jambe pernicieux des leaders Insoumis. « Manuel Bompard m’a collé une nouvelle cible dans le dos. Il dit, en gros : “Ce n’est pas bien de l’attaquer”, puis : “Elle participe quand même à la campagne de dénigrement de LFI menée par l’extrême droite israélienne” ! »
Elle n’attend plus grand-chose des Insoumis
Rima Hassan ne fait pas mieux. La candidate LFI aux européennes, très critique envers Israël, soutient, elle aussi, Emma Rafowicz pour mieux la… dénigrer. « Elle dit dans un premier tweet qu’il ne faut pas être antisémite, mais que si elle avait un oncle dans l’armée palestinienne elle serait disqualifiée pour être candidate aux européennes ! » relate, avec une moue, la socialiste.
Emma Rafowicz n’attendait pourtant pas grand-chose des Insoumis, comme si elle n’avait plus beaucoup d’espoir dans la solidarité qui prévaut d’habitude à gauche face à l’antisémitisme : « Je voulais juste qu’ils excluent les auteurs des messages, pas qu’ils se flagellent en place publique ! »
Il y a encore quelques mois, Emma Rafowicz topait avec les Insoumis. Elle croyait en eux, elle pensait dur comme fer que Jean-Luc Mélenchon allait porter haut toute la gauche. La partie, dit-elle, a en partie été gagnée : « C’est contre-intuitif mais grâce à la Nupes, le PS s’est réaffirmé comme un parti de gauche. On incarne à nouveau quelque chose de fort, et les gens nous écoutent. » Dans la roue d’Olivier Faure, elle a pris ses distances avec le quinquennat Hollande et avec tous ceux qui, comme Anne Hidalgo, refuseraient la rupture avec le « libéralisme » incarné, selon elle, par la présidence hollandaise.
La haine qu’elle a subie n’a sans doute fait que confirmer sa conviction : l’union à gauche ne pourra se faire avec la frange la plus radicale des Insoumis, encore moins avec le premier d’entre eux, Jean-Luc Mélenchon. « Sans union, la gauche n’est pas au second tour de la présidentielle. Mais avec Mélenchon, elle ne le sera pas non plus. » Emma Rafowicz espère que quelques chefs Insoumis rejoindront ceux qui, tels Raquel Garrido ou Alexis Corbière, rejettent la « conflictualisation » défendue par le leader LFI. « Il faut une gauche recentrée et républicaine. On a abandonné notre discours social, notre volonté universaliste, il ne faut pas s’étonner que les identitaires s’en emparent », dit-elle en visant les deux extrêmes.
Emma Rafowicz se souvient d’ailleurs d’un voyage aux États-Unis, il y a dix ans, organisé par SOS Racisme. Elle avait rencontré Hillary Clinton, juste après la victoire de Donald Trump. « On voyait bien que c’était elle, la boss. J’étais un peu intimidée, mais je lui ai demandé si Trump n’avait pas gagné parce que les démocrates ne parlaient plus aux couches populaires. » Elle ne se souvient plus de la réponse mais elle aimerait que la gauche, enfin, reparle au peuple.
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Fräulein France.,Infos sur l’ouvrage.
La France nouvelle.,Fiche du livre.
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